Première organisation professionnelle de l’immobilier en France et en Europe, la FNAIM se situe au cœur des enjeux sociétaux, au plus près des réalités territoriales. Depuis 1946, qualité, éthique et déontologie la guide. Son président, Jean-Marc Torrollion revient sur l’actualité et les évolutions à venir.
C’est demain.- Quel bilan faites-vous de vos actions depuis votre élection à la présidence de la FNAIM, il y a maintenant un an ?
Jean-Marc Torrollion.- Je mène une ligne d’action sur trois fronts. D’abord, repositionner notre syndicat patronal comme le vecteur essentiel pour les métiers de l’immobilier. Nos professionnels doivent trouver naturel d’y adhérer. La FNAIM se situe comme corps intermédiaire indispensable. Second point : le modernisme. Nous sommes soumis à une forte concurrence. Il faut donc réfléchir à d’autres offres pour nos adhérents, rehausser nos prestations, former nos collaborateurs aux évolutions et moderniser nos services. Nous allons décentraliser nos formations dans les territoires, afin de déceler de nouveaux talents. Notre Ecole Supérieure de l’Immobilier est devenue une référence, comme école-entreprise, nous voulons nous appuyer sur cette réussite. Enfin, il faut positionner nos professions avec les transformations de leur temps. La FNAIM ne doit pas s’inscrire dans un syndicalisme de combat, mais être une force de propositions, d’accompagnement, d’avancement, de progrès.
C’est demain.- Quel est le rôle de la FNAIM et quelles sont ses actions concrètes ?
D’abord défendre les intérêts des professionnels et de leurs clients. Elle est représentée par 18 chambres régionales et 63 chambres départementales. Cela constitue un efficace maillage territorial. La FNAIM a mis en place un Code d’Éthique et de Déontologie en 2005. Cela a inspiré les pouvoirs publics 10 ans plus tard quand ils ont instauré des règles similaires à tous les professionnels de l’immobilier. La FNAIM s’inscrit actuellement au centre de trois enjeux : la réforme de la copropriété, une réflexion de fonds sur la profession d’agent immobilier et la refonte du parcours client. Deux chiffres : 3 millions de lots sont administrés par des syndics de propriété et 2 millions de lots sont gérés par des administrateurs de biens. Plus de 90 % de nos adhérents sont des agents immobiliers, 57 % sont des administrateurs de biens et/ou syndics de copropriété. Le dernier enjeu regarde l’avenir : le digital.
C’est demain.- Quelle est la situation économique du secteur immobilier en France ?
Jean-Marc Torrollion.- Les taux d’intérêt sont bas, les derniers mois ont été encourageants pour le marché. Nous nous attendons à un ajustement même si les premières semaines de 2019 invitent à un certain optimisme. Tout cela reste bien orienté. Nos professionnels gardent toutefois une vue attentive sur le climat social actuel. Aura-t-il un impact futur sur les transactions ? On se situe dans un paradoxe bien français. Le secteur de l’immobilier n’y échappe pas. Le moral des ménages n’est pas au beau fixe, cependant les performances économiques sont bien là. .
C’est demain.- Quel sont les principaux obstacles juridiques qui freinent le développement de l’immobilier en France ? Comment y remédier ?
Jean-Marc Torrollion.- L’activité immobilière reste vivace. Pourtant, nous observons avec une certaine circonspection et vigilance l’attitude des gouvernants nationaux, le président de la République en tête. En les entendant parler de l’immobilier, on a le sentiment qu’ils ne comprennent pas du tout notre secteur, dans son fonctionnement et ses finalités. L’immobilier n’est pas toujours reconnu à sa juste place dans les orientations et choix. Il doit être écouté et pris au sérieux. De nombreuses possibilités existent sur le parcours locatif, le statut du bailleur, la rénovation énergétique. Les acteurs de la FNAIM sont les mieux placés, à partir de leurs expériences et de leurs connaissances émanant du terrain, pour aiguiller les décisions futures.
C’est demain.- Quelles sont vos propositions en ce sens ?
Jean-Marc Torrollion.- Dans le cadre de sa contribution au Grand débat national, la FNAIM a proposé 20 solutions sur la fiscalité, les dépenses publiques, la transition écologique, permettant de mieux répondre aux problématiques du logement en France. Il s’agit de placer le logement au cœur des enjeux de société, de soumettre de mesures concrètes pour rééquilibrer le marché du logement dans tous ses aspects. Cela passe par réduire les inégalités, rétablir la confiance dans les rapports locatifs, ajuster la fiscalité immobilière, faciliter la transition énergétique. Parmi nos propositions, un meilleur encadrement des ventes de logements aux bailleurs sociaux, la création d’un secteur privé intermédiaire situé à mi-chemin entre le social et le privé classique, l’allongement de la durée des préavis actuellement trop courts, la suppression d’exonération de taxe foncière du secteur des logements sociaux, la simplification de l’impôt sur les plus-values immobilières, la création d’un fonds d’urgence copropriété facilitant l’action des syndics professionnels avec un livret épargne transition énergétique.
C’est demain.- Vous êtes président de Bien’ici, quel élan souhaitez-vous donner au développement de ce site internet réunissant les acteurs majeurs de l’immobilier ?
Jean-Marc Torrollion.- Le site a été créé il y a trois ans, de la volonté de nos professionnels de donner une vraie vitrine à nos professions. Bien’ici connait un réel engouement avec trois millions de visiteurs par mois. Il est le 4e site en France, l’objectif est d’en faire le second. La plateforme donne une visibilité à l’immobilier, fait la promotion de nos compétences. Bien’ici impose l’image du sérieux de nos collaborateurs et de nos prestations. La précision est importante : nous ne sommes pas un site à visée mercantile, mais de bonne pratique, d’éthique, de conseils. L’internaute navigue ici en toute confiance, pouvant aisément avoir accès à un lien humain, avec nos agents répartis sur les territoires. Cette proximité de terrain, c’est l’ADN de la FNAIM, depuis 73 ans. Notre travail va dans le sens de la transparence et de la traçabilité.
C’est demain.- Vous étiez récemment à Metz pour parrainer la chaire European Real Estate Management (EREM). En quoi l’immobilier est un secteur porteur en Lorraine ? La chaire EREM peut-elle servir d’exemple pour d’autres régions ?
Jean-Marc Torrollion.- La FNAIM a une relation privilégiée avec l’Université de Lorraine, laquelle, par ses cursus et ses formations diplômantes, préparent idéalement aux professions de l’immobilier. En Lorraine, l’évolution immobilière donne des signes positifs, sur Metz en particulier. Dans cette région, il faut tenir compte du contexte transfrontalier, dans la puissance du marché, les prix, la capacité à loger. La chaire EREM peut effectivement avoir un effet d’exemplarité pour d’autres régions, même si on ne pourra pas la dupliquer partout.
C’est demain.- Cette Chaire peut-elle déclencher de nouvelles vocations dans l’immobilier ?
Jean-Marc Torrollion.- C’est l’ambition de la FNAIM. L’immobilier groupe plusieurs professions et recrute. On peut les citer : agent immobilier, administrateur de biens, syndic de copropriété, expert en évaluation immobilière, diagnostiqueur, conseiller en immobilier d’entreprise, promoteur, aménageur foncier, spécialiste en locations de vacances, mandataire en fonds de commerce, spécialiste en viagers, marchand de biens, spécialiste en affaires rurales et forestières. Il y a de la place pour de belles carrières. Les embauches se font généralement à Bac +2, nos professionnels sont âgés de 40 ans en moyenne. Dans l’immobilier, comme dans d’autres secteurs, il faut mettre la formation en adéquation avec l’offre et la demande. Nos métiers sont exigeants, demandent de l’adaptation. Ils sont en mutation, plus techniques dans leur approche, y compris dans les ressources humaines. On les fait par passion. Oui, ce sont des vocations. S’occuper d’un bien immobilier, c’est affectif. L.S.