C ’ EST DEMAIN. – A QUE LSTA DE SOM M E S- N O U S PA RV E NU S DA N S L E RECOURS AU TR AIN POUR REJOINDRE LE G R AN D – DUCH É ? QU EL POU RCEN – TAGE DU TRAFIC GLOBAL LA VOIE FERRÉE ABSORBE-T-ELLE ?

Stéphanie Dommange. – Nous connaissons une croissance du trafic de l’ordre de 9 % l’an, ce qui est plus impor- tant que le développement de l’emploi au Grand-duché. À ce jour, 15 000 voyageurs ont quotidiennement recours au train pour se rendre à leur travail et en revenir. Depuis 2013, les mouvements ont doublé et nous allons vers un triplement. Il s’agit d’une véritable massification des voyages comme peu de régions en connaissent. Dans l’ensemble des mouvements jour- naliers, le train pèse désormais 15 %.

C.D. – QUE FAUDRAIT-IL FAIRE EN AMÉ- LIORATION DES VOITURES, CADENCEMENT, INFRASTRUCTURES POUR ACCROÎTRE CE POURCENTAGE ?

S.D. – Le premier pas consiste à mettre en place plus de rames. Nous avons actuel- lement 25 de ces rames “Bombardier“ atte- lées par trois unités, qui offrent 80 mètres de longueur au convoi avec une capacité d’emport de 660 personnes. La Région Grand-Est s’est engagée dans un très vigoureux programme d’acquisition de nouvelles rames. Les deux premières arriveront en 2022 et quatorze autres sui- vront d’ici 2024. Il s’agit de rames plus lon- gues que les actuelles et à deux niveaux. Cela nous permettra de proposer mille places aux voyageurs dans chaque train. Parallèlement nous allons accroître le trafic, qui a déjà connu une accélération. Nous serons en mesure de monter à huit trains par heure. Mais bien entendu cette politique ne prendra sa pleine efficacité que lorsque nous aurons allongé les quais, de manière à être en mesure d’accueillir ces nouveaux matériels. Hagondange,

Uckange et Hettange-Grande seront les premières à entrer en chantier début 2023 et à terme l’ensemble des gares répondra aux nouvelles exigences. À Metz c’est déjà le cas. Côté Grand-duché également, la section de Bettembourg sera à double voie et nous serons pleinement impliqués dans le programme de la gare de Hohwald. Enfin la transformation des anciens ate- liers SNCF de Montigny-lès-Metz en un centre de maintenance des TER (lire plus loin notre article dédié) contribuera à offrir un haut niveau de service des trains et aussi une propreté accrue. C’est l’ensemble de ces paramètres, qui permettront au rail d’être plus performant, donc plus attractif et plus en mesure de répondre au phéno- mène croissant du trafic pendulaire vers le Luxembourg et en retour.

C.D. – EST-IL IMAGINABLE D’AJOUTER UNE TROISIÈME VOIE ?

S.D. – Une petite section sera amé- nagée pour améliorer le flux de fret à Bettembourg, mais pour l’instant nous privilégions d’actionner d’autres leviers pour densifier notre action sur les voies existantes. Nous pourrons passer à vingt trains par heure, soit l’équivalent de 20 000 personnes acheminées. Il faut aussi tra- vailler sur la signalisation – en dehors de la mise aux normes selon les exigences européennes – pour permettre cette accé- lération de la cadence. Créer une troisième voie ne peut être qu’une approche à très long terme, tant l’acquisition foncière prend du temps et de l’énergie.

C.D. – LA RÉGION GRAND-EST, ORGA- NISATRICE DES TRANSPORTS CONSACRE D’IMPORTANTS MOYENS À CETTE COMPÉ- TENCE. SONT-ILS SUFFISANTS POUR FAIRE FACE AUX ENJEUX À VENIR ?

S.D. – Je ne connais pas de Région qui consente pareil effort et qui affiche cette volonté d’accompagner le phénomène éco-

nomique grand-ducal. Avec 100 millions d’euros destinés à l’achat de nouvelles rames et 90 millions d’euros consacrés à la création d’un centre de maintenance des TER à Montigny-lès-Metz, nous sommes dans le hors norme.

C.D. – PARVENEZ-VOUS À TROUVER UN TERRAIN D’ENTENTE AVEC LES CFL ?

S.D. – Tous les matins nos équipes et celles de nos voisins ont un briefing des- tiné à observer le bon accomplissement du plan de marche de la journée et à prendre en compte les incidents perturbateurs qui peuvent se produire. Nos contacts sont permanents, renforcés et de part et d’autre, des chefs de projet travaillent de façon suivie.

C . D . – LES LUXEMBOURGEOIS CONDUISENT UN GRAND PROJET AVEC LA GARE DE HOHWALD EN CONNEXION FUTURE AVEC LEUR TRAMWAY AFIN D’ÉVITER L’EN- GORGEMENT GÉNÉRALISÉ DE LEUR GARE CENTRALE PAR LES USAGERS TRAVAILLANT AU SUD DE LA CAPITALE. COMMENT PAR- VIENDREZ-VOUS À VOUS INSCRIRE ANS CE PROGRAMME ?

S.D. – Bien entendu que lorsque se créée une telle infrastructure, nous l’ac- compagnons et nous en profitons. Déjà 70 personnes embarquent tous les jours à la gare de Hohwald, mais lorsque la plateforme multimodale sera réalisée, évitant ainsi à ceux qui travaillent au sud de la capitale d’avoir à aller jusqu’à la gare centrale pour revenir ensuite sur leurs pas, d’avoir à encombrer la capitale. Nous sommes toujours en mesure de modifier notre politique d’arrêts lorsque les condi- tions sont réunies pour cela.

C.D. – IL ADVIENT PARFOIS QUE LA SOLUTION À UN PROBLÈME TRÈS RÉGIO- NAL, PUISSE SE PRODUIRE TRÈS AU-DELÀ. L’ENGORGEMENT AUTOROUTIER QUOTI-DIEN EST AUSSI PROVOQUÉ PAR LES MOU- VEMENTS DU FRET. UN DÉBUT DE RÉPONSE VA INTERVENIR AVEC L’AUTOROUTE DES ARDENNES DEPUIS LA BELGIQUE. POUR SA PART, LE GRAND-DUCHÉ AMBITIONNANT D’ÊTRE LA BASE ARRIÈRE DE ROTTERDAM À L A N C É SA L IG N E B E T T E M B O U RG – PERPIGNAN AVEC L’OBJECTIF DE CHARGER DES REMORQUES SUR LES TRAINS. OR, CE SERVICE SOUFFRE DE L’ÉTRANGLEMENT DE LA VALLÉE DU RHÔNE. A DÉFAUT DE VOIE D’EAU SAÔNE-MOSELLE, NE POURRAIT-ON PAS FAIRE SAUTER CE VERROU ?

S.D. – Le nœud ferroviaire de Lyon est effectivement un étranglement. Déjà la gare de la Part Dieu est en travaux pour se doter de deux voies supplémentaires et le nœud lui même est en travaux pour progresser et fluidifier les mouvements nord-sud.

Recueilli par Gilbert Mayer

(*) Stéphanie Dommange est entrée à la SNCF en 1991 après son parcours à l’école supérieure de commerce de Bordeaux, puis à la London business school. Elle a occupé de nombreuses fonctions opéra- tionnelles dans la banche SNCF voyages et a alterné les postes opérationnels et ceux en accompagnement de projets innovants. Elle a lancé le site voyages-sncf.com et le TGV Lab. Directrice des cadres supérieurs de la société, elle s’est employée à dévelop- per leurs compétences de managers. En 2013, elle a été nommée directrice régio- nale des Pays de Loire, où elle a conduit un dynamique programme de rénovation et de promotion de la voie ferrée. Maman de quatre enfants, Stéphanie Dommange a rejoint son nouveau poste à Strasbourg au début de cette année. C’est elle qui conduit avec le président Jean Rottner la mise à niveau du transport public en région Grand-Est.

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