Femme de son temps engagée, Fanny Feller est directrice générale des sept sites du Pôle formation et de la gouvernance de la formation de l’UIMM Lorraine. Son itinéraire a suivi une certaine logique. S’appuyant sur des valeurs résolument ouvrières, héritées d’une enfance passée à l’ombre des hauts-fourneaux, Fanny Feller s’est pleinement impliquée au sein de l’Union des industries et métiers de la métallurgie. Revendiquant fièrement sa qualité de Lorraine, cette battante regarde droit devant elle, et nourrit des projets prometteurs.
Tout commence par les origines. Cette vérité de La Palice, Fanny Feller la cultive au quotidien, et garde toujours les pieds sur terre, bon sens et mesure des choses. Native d’Hayange, elle conte l’histoire de ses arrière-grands-parents : « Ils sont arrivés de Pologne pour travailler en France. Venus de la région de Cracovie, ils ont forgé la culture ouvrière familiale. » Le père de Fanny Feller sera opérateur à Sollac. La Vallée de la Fensch et le décorum des hauts-fourneaux : le bassin sidérurgique comme imprégnation d’une jeunesse. Une autre époque aujourd’hui couleur sépia. Assurément, un patrimoine à ne pas oublier. Celui de la puissance du groupe de Wendel, empreint d’une forme de paternalisme. « J’ai été très heureuse dans ce contexte. L’usine offrait les vacances. Il y avait des avantages pour les salariés. Comme tous les enfants de la sidérurgie, j’étais parfois jalousée par mes copains de classe ! », se rappelle-t-elle.
Bien vite, Fanny Feller a une idée arrêtée : devenir juriste, sans doute motivée par l’exemple d’un oncle magistrat. À 20 ans, elle est une étudiante sérieuse et studieuse. Un bac B au lycée de Fameck puis la fac de droit à Nancy. Pour payer ses études supérieures, elle alterne cours et petits jobs. Les congés d’été, elle les passe souvent à Arcelor. Elle poursuit en DEUG, en maîtrise, puis décroche un DEA en droit social. Fanny Feller s’arrête, pensive et admirative, dans ses mots : « Ma grand-mère Renée, ma mère Joëlle m’ont toujours encouragée. Elles ont été une motivation de tous les jours dans mon parcours. » En 1998, elle entre au sein de l’Union des industries et métiers de la métallurgie de Meurthe-et-Moselle, comme juriste. Elle deviendra, à 25 ans, responsable de ce service, prenant par ailleurs des responsabilités, comme secrétaire générale, au Syndicat des fabricants de peintures et des fabricants liés à la quincaillerie, aux carburants et combustibles, aux appareils sanitaires et chauffage.
Militante des métiers de l’industrie
On reconnaît volontiers à Fanny Feller un allant, une propension à proposer, à initier, à faire avancer les choses par des solutions opportunes. Dans le giron de l’UIMM, elle développe un dense réseau et optimise ses connaissances des différentes branches professionnelles, grâce ses compétences et une grande capacité de travail. L’expérience dure seize ans, jusqu’en 2014 : « Une aventure extraordinaire sur bien des plans, avec de magnifiques rencontres », affirme-t-elle. Déjà, un autre défi l’attend : « Il n’y a pas eu de révolution, tout s’est passé dans la continuité. Comme responsable de service, j’avais la maîtrise du domaine des ressources humaines, et d’autre part, j’ai été amenée à m’intéresser de près au secteur de la formation professionnelle. Ce dernier point a été le déclic. » Fanny Feller prend donc la tête de l’AFPI, du CFAI, de l’APC à Maxéville. Les organismes de Meurthe-et-Moselle, de Meuse et des Vosges se regroupent, rejoints bientôt par la Moselle, autour du Pôle formation des industries technologiques de Lorraine. En 2018, elle est directrice générale d’une entité implantée sur sept sites, forte de 200 salariés et de plus de 1 500 apprentis. Le Pôle est reconnu comme l’un des plus performants du réseau national. Passionnée, infatigable militante des métiers de l’industrie, Fanny Feller affiche son modernisme, sa détermination à dépasser les codes établis : « Il nous faut féminiser davantage notre branche, avoir une approche volontariste et innovante dans le lien entre les entreprises et les étudiants. Les choses évoluent favorablement, mais nous devons aller encore plus loin. » Manager et convaincre : deux mots pour un leitmotiv d’action. Avec un challenge à l’horizon 2020 : l’édification du campus des industries technologiques à deux pas du Pôle.
Fanny Feller ? : « Directe et compétente », résume son collaborateur Philippe Dutartre. L’intéressée sourit. Dans cette vie professionnelle rythmée, Fanny Feller parvient à décompresser. Par la course à pied – il n’est pas rare de la voir faire un footing lors d’un espace de temps libre – et par les voyages dans la péninsule transalpine également – Hayange, où elle retourne souvent, est à moins de 30 km de Villerupt, la petite Italie. Là où tout ramène aux valeurs, à une tradition ouvrière. Ténacité, humilité et solidarité. Trois termes qui vont si bien à Fanny Feller, femme indépendante qui met en avant l’implication de ceux travaillant à ses côtés. Par-dessus tout, mère de famille attentionnée. Éléa et Juliana en sont le meilleur témoignage.
Laurent Siatka
Crédit photo : Vincent Zobler