Après la cogénération, la turbine à gaz, les barrages sur la Moselle, la valorisation de la vapeur d’incinération des déchets, la centrale à biomasse et sa percée dans les domaines alternatifs de l’éolien et du photovoltaïque, voici que l’UEM s’engage dans une filière hydrogène.
« L’hydrogène est un vecteur d’énergie. Il est normal que nous nous y intéressions» explique Francis Grosmangin, le directeur général de l’UEM. Une usine qui a prouvé depuis des décennies, qu’elle sait s’adapter dans une approche de performance et de limitation des rejets carbonés. Cela a commencé avec la création du cycle chaleur-force qui, en son temps, a permis de multiplier par deux le rendement de la centrale de Chambière. L’arrivée dans les tuyaux de la vapeur produite par l’usine d’incinération des déchets ménagers de Haganis a contribué à accroître encore le potentiel, tout en limitant les rejets globaux du processus industriel. L’arrivée de la centrale à biomasse, bientôt augmentée par celle de Montigny-lès-Metz et la diversification sur les renouvelables à travers le pays, le tout couplé aux barrages sur la Moselle, voilà qui a permis à l’entreprise messine de se mettre à jour sur le plan environnemental. Voici que perce désormais l’hydrogène. L’Eurométropole de Metz, le groupe John Cockerill et l’Usine d’électricité de Metz (UEM) ont scellé un partenariat pour la création d’une filière hydrogène sur le territoire. Un engagement contracté à l’Institut européen d’écologie de Metz, avec la création d’une filière hydrogène. Celle-ci prévoit de faire circuler la flotte du réseau Le Met’ et les bennes à ordures ménagères de l’Eurométropole avec cette énergie d’ici 2025. L’UEM, représentée par son directeur général Francis Grosmangin, doit étudier les différentes solutions de production d’électricité renouvelable, la récupération de chaleur et les utilisations alternatives de l’hydrogène. John Cockerill procèdera à l’étude des ouvrages techniques sur les questions du stockage, de l’implantation a expliqué Bernard Serin, le président de la société belge et président du FC Metz. L’Eurométropole de Metz coordonnera juridiquement le partenariat, en plus de lancer le programme de conversion de ses transports qui nécessite un investissement de 32 millions d’euros.
23 BUS ET 7 BENNES
Le projet a débuté par un appel à candidature lancé par l’Ademe, dans le cadre du plan de relance, et le premier acte retenu a consisté à faire rouler les bus et les bennes à déchets grâce à de l’hydrogène. Un programme doté de 8M€ de financements. Ce faisant, l’UEM va s’employer, dans le cadre de la croissance au recours à des énergies vertes, qui forcent peu à peu à la sobriété énergétique, à se lancer dans la production d’hydrogène vert. «L’énergie gratuite signe la mort des ressources et en matière d’énergies, le facteur régulateur est le prix. Nous mettons donc le paquet sur le renouvelable » rapporte Francis Grosmangin. Pour parvenir à la démarche vertueuse, il est nécessaire de produire de l’énergie verte, avec garantie d’origines, dédiée et entreprendre dans un périmètre régional. Concrètement le projet messin consisterait à créer un électrolyseur de 2 mégawatts, permettant la fabrication de 231 tonnes d’hydrogène l’an afin de faire fonctionner vingt-trois bus et sept bennes de déchets, pour d’amorcer la pompe. Cette tentative en vraie grandeur, intègre nécessairement le surcoût incontournable pour aller vers moins d’émissions de CO2 et donc d’aller de l’avant, malgré les écueils premiers. La suite de l’aventure dépendra des enseignements qui seront issus de cette innovante démarche collective.
LA « NICHE » HYDROGÈNE
Pour l’instant les énergies traditionnelles dominent. Mais il est possible de gommer une part des aléas de prix liés aux nouvelles approches. En prenant le chemin de l’autoconsommation collective par exemple. Les panneaux photovoltaïques étant de moins en moins chers, les ménages équipés sont incités à ne pas revendre le surcroit de production en tenant compte de la discontinuité de leur usage et à valoriser les
surplus à travers une autoconsommation collective plus facile à réguler. Ainsi, la réalisation d’un parc photovoltaïque, qui pourrait être implanté derrière l’immeuble des services techniques de la ville, rue Teilhard de Chardin, serait destiné à fournir les bâtiments de la Ville de Metz, permettant cette gestion collective. « Il faut, pour réussir l’opération, disposer de l’ingénierie nécessaire, ce que nous savons faire à travers E-Fluid» explique Francis Grosmangin. Ces développements sont d’autant plus urgents que déjà s’envolent les prix de l’énergie. En particulier le prix du gaz, qui est celui qui fixe le prix final de toute la chaîne. Dans le même temps EDF est contraint de réserver un quart de sa production d’électricité d’origine nucléaire afin de fournir les autres pays européens selon leur demande. Seul «hic» de cette obligation, ce contingent est vendu 42€ du mégawatt, quand le même est à 175€ sur le marché ! Qui plus est, la Commission de régulation de l’électricité pousse à la suppression des tarifs réglementés de vente de l’électricité aux particuliers dès 2023. Autant dire demain. Cette fin des ventes à prix contenu modéré, risque de mettre en péril les plus fragiles, ce qui devrait pousser le pays à travailler ferme sur le sujet de la souveraineté. Car l’énergie est un bien essentiel et en conséquence la programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit un accroissement de 200% du photovoltaïque d’ici 2028 et de 100 % de l’éolien. Dans ce panorama, UEM qui était déjà présent avec un champ photovoltaïque dans les Bouches-du-Rhône, vient d’en accroître la puissance en passant à 8,3 Mégawatts. Une implantation à l’autre extrémité de l’Hexagone, qui a résulté initialement d’un soutien en matière de trading. Dans ce paysage en forte évolution et de grande complexité, l’arrivée à Metz d’une expérience en matière d’hydrogène peut être considéré comme une chance de «niche». Mais les «moutons à cinq pattes», sont une espèce que l’UEM cultive avec les succès, que nous lui connaissons. GM